Lors de la canonisation de sœur Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein, le pape Jean-Paul II déclare dans l’homélie : « Sainte Thérèse Bénédicte parvint à comprendre que l’amour du Christ et la liberté de l’homme s’entremêlent, car l’amour et la vérité sont liés intrinsèquement. […] La vérité et l’amour ont besoin l’un de l’autre. Sœur Thérèse Bénédicte en est le témoin. […] Elle nous dit à tous “N’acceptez rien comme vérité qui soit privé d’amour. Et n’acceptez rien comme amour qui soit privé de vérité ! ” L’un sans l’autre devient un mensonge destructeur. »[1]
Les thèmes de la liberté humaine, de la vérité et de l’amour du Christ ne cessent de s’entrecroiser dans la vie et dans le message d’Edith Stein, comme dans ceux de Jean-Paul II. A travers ces quelques mots du 11 octobre 1998, nous percevons la connivence qui, dans la communion des saints, unit le Saint Père à celle « qu’il a eu la joie de proclamer bienheureuse. »[2]
La figure d’Edith Stein a incontestablement marqué le Pape. Nous pouvons nous en rendre compte à travers les citations faites dans ses diverses prises de parole. Dès le début de son pontificat, lors de son premier voyage en Pologne, se rendant au camp d’Auschwitz-Birkenau, il évoque la figure du père Kolbe et poursuit : « Il est certain aussi que beaucoup d’autres victoires semblables ont été remportées ; je pense par exemple à la mort dans le four crématoire d’un camp de concentration de la sœur carmélite Bénédicte de la Croix, dans le siècle Edith Stein, illustre disciple de Husserl, qui est devenue une gloire de la philosophie allemande contemporaine, et qui descendait d’une famille juive de Wroclaw. »[3]
Carmélite, Philosophe et Juive, il semble que soient déjà rassemblés dans cette première prise de parole pontificale les divers éléments de la personnalité d’Edith qui touchent plus particulièrement Jean-Paul II. Il faudrait y ajouter la « Science de la Croix », thème qu’il développera dans des textes ultérieurs.
Philosophes en quête…
« Gloire de la philosophie allemande contemporaine ». Par cette parole le Pape indique le chemin par lequel il a découvert Edith Stein. Elle est nommément citée dans l’encyclique Fides et Ratio[4], au n° 74 : « Le rapport fécond entre la philosophie et la Parole de Dieu se manifeste aussi dans la recherche courageuse menée par des penseurs plus récents, parmi lesquels il me plaît de mentionner, en Occident, des personnalités comme John Henry Newman, Antonio Rosmini, Jacques Maritain, Etienne Gilson, Edith Stein… »[5] Il convient de nous souvenir que le Pape Jean-Paul II s’exprime ici dans un registre qui comporte incontestablement une dimension philosophique à laquelle ses prédécesseurs ne nous avaient pas habitués. Karol Wojtyla a reçu une solide formation philosophique à Rome et à Paris. Lors de ses cours à l’université de l’Angelicum, Karol Wojtyla a reçu l’enseignement du père Réginald Garrigou-Lagrange o.p. (1877-1964) qui l’a aidé à approfondir la pensée de saint Thomas d’Aquin et celle de saint Jean de la Croix.
En Pologne, il sera l’élève du phénoménologue Roman Ingarden qui fut un ami très cher d’Edith Stein.[6] Disciples d’Edmund Husserl, ils seront l’un et l’autre profondément marqués par Max Scheler et refuseront de suivre Husserl sur la voie de l’idéalisme. Il semble que Jean-Paul II ait également découvert Edith Stein par deux autres sources. Rocco Buttiglione, dans son ouvrage sur la pensée de Karol Wojtyla écrit : « On peut présumer que c’est son intérêt pour saint Jean de la Croix et pour la spiritualité carmélitaine qui lui aura fait rencontrer l’œuvre philosophique de sœur Bénédicte de la Croix, dans le siècle Edith Stein. Celle-ci, assistante et amie de Husserl, à travers précisément son travail philosophique orienté par la méthode phénoménologique, en vint à reconnaître la vérité du catholicisme… »[7]
Il y a dans les parcours philosophiques d’Edith Stein et de Karol Wojtyla comme une sorte de parallélisme antithétique : L’une est une « phénoménologue née » selon l’expression d’Hedwig Conrad-Martius et elle découvrira saint Thomas d’Aquin après son baptême grâce au travail de traduction que lui demandera le jésuite Erich Przywara, dont Karol Wojtyla deviendra l’ami. L’autre reçoit une formation thomiste qui sera toujours la base de sa réflexion, mais il va également s’intéresser à la phénoménologie.[8] En 1953, le sujet de sa thèse d’agrégation sera : Considérations sur la possibilité de construire une éthique chrétienne sur les bases du système de Max Scheler. Karol Wojtyla va faire du thomisme une clé de lecture existentielle de la phénoménologie elle-même et va ainsi trouver une certaine fécondité intellectuelle dans la spéculation. Nous pouvons noter également qu’Edith Stein philosophe de formation s’intéressera ensuite à la théologie alors que la démarche est inverse pour Karol Wojtyla.
Enfin, au travers de toute son œuvre, Edith Stein cherche à promouvoir une authentique ontologie de la personne. Cela a certainement eu un écho chez Karol Wojtyla dont l’ouvrage Personne et acte[9] recherche dans la liberté de la personne agissante le sens de l’humain.[10] Ce thème de la personne humaine, de sa dignité et de sa liberté demeure toujours très présent dans sa pensée et dans ses écrits.
Edith Stein et Karol Wojtyla se sont intéressés à la Personne, tous deux ont étudié saint Jean de la Croix et ont utilisé dans leur étude l’ouvrage de Jean Baruzi, saint Jean de la Croix et l’expérience mystique. Le philosophe qu’est Jean-Paul II a trouvé dans la vie et l’œuvre d’Edith Stein une source féconde de méditation « car elle a su unir dans son être le plus profond une activité philosophique authentique à une vie contemplative, toute dépouillée, dans la tradition du Carmel. »[11]
Disciples de la Croix…
Dans l’homélie prononcée pour la béatification d’Edith Stein, Jean-Paul II insistera à plusieurs reprises sur la dimension de la Scientia Crucis dans la vie de celle qui est « bénie par la Croix ». Il déclare : « La vie tout entière d’Edith Stein est marquée par une quête infatigable de la vérité, éclairée par la bénédiction de la Croix du Christ. […] Elle était convaincue que son céleste fiancé l’initierait au mystère de la Croix. […] Par son nom, “Bénédicte de la Croix”, “celle qui est bénie par la Croix” voulut porter la Croix du Christ avec lui… […] Elle vit la Croix s’approcher d’elle implacablement ; elle n’a pas fui devant elle ; au contraire elle l’a embrassée en chrétienne remplie d’espoir, dans un dernier geste d’amour et de sacrifice, la saluant même dans le mystère de la foi pascale : Ave Crux, spes unica ! »[12]
Au cours de la célébration de la canonisation, le Saint Père développera à nouveau cette dimension essentielle de la vie chrétienne, magnifiquement illustrée par la vie et les écrits d’Edith Stein : « L’arbre de la Croix porte toujours des fruits renouvelés de salut. C’est pourquoi, les croyants se tournent vers la Croix avec confiance, tirant de son mystère d’amour le courage et la force pour marcher sur les traces du Christ crucifié et ressuscité. » Il poursuit : « La nouvelle sainte nous enseigne enfin que l’amour pour le Christ passe à travers la douleur. […] En tant qu’épouse sur la Croix, sœur Thérèse Bénédicte n’écrivit pas seulement des pages profondes sur la “science de la Croix”, mais parcourut jusqu’au bout le chemin à l’école de la Croix. Un grand nombre de nos contemporains voudraient faire taire la Croix. Mais rien n’est plus éloquent que la Croix qu’on veut passer sous silence ! […] Adorant en esprit et en vérité, elle ressentait toujours plus clairement sa vocation spécifique à monter sur la Croix avec le Christ, à l’embrasser avec sérénité et confiance. »[13]
Le Saint Père reprendra ce thème qui lui tient tant à cœur dans le discours qu’il adresse aux cardinaux et à la Curie romaine le 22 décembre 1998. « Parmi les Bienheureux et les Saints qu’il m’a été donné d’élever aux honneurs des autels, je voudrais rappeler sœur Bénédicte de la Croix, Edith Stein, cette femme juive, philosophe, moniale, martyr. En un siècle tourmenté comme celui où il lui a été donné de vivre, elle se dresse devant nous pour nous inviter à emprunter la porte étroite du discernement et de l’acceptation de la Croix, en ne séparant jamais l’amour de la vérité, pour ne pas nous exposer au risque du mensonge destructeur. »[14]
Il y a pour Jean-Paul II une dimension paradigmatique de l’être chrétien dans l’enseignement sur la Croix proposé par Edith Stein. Il n’est donc pas surprenant que le Saint Père ayant découvert une philosophe authentique en même temps qu’une profonde mystique chrétienne ait souhaité la donner en exemple à notre temps car pour lui, sœur Thérèse Bénédicte de la Croix est « le symbole des drames de l’Europe de ce siècle ».[15] Dans la lettre apostolique Spes Aedificandi qui proclame co-patronnes de l’Europe sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse Bénédicte de la Croix nous lisons : « Elle (Edith Stein) nous entraîne en effet au cœur de notre siècle tourmenté, indiquant les espérances qui l’ont éclairé, mais aussi les contradictions et les échecs qui l’ont marqué. »[16]
Un héroïque témoignage de foi…
Le Saint Père va suivre de très près la cause d’Edith Stein. Il avait évoqué, lors de la canonisation du Père Maximilien Kolbe, : « la servante de Dieu Edith Stein (sœur Thérèse Bénédicte de la Croix)dont la cause de béatification est en cours auprès de la congrégation compétente »[17], et il n’hésitera pas, selon le privilège du Siège Apostolique a intervenir dans son déroulement. Pour toute béatification, un miracle est nécessaire, sauf si la servante de Dieu est présentée comme Martyr. Le 1er mai 1987, à Cologne, le Pape a la joie de proclamer Edith Stein, Bienheureuse avec le titre de Martyr. Par un indult Pontifical du 2 juillet 1994, il autorise la présentation d’une guérison “miraculeuse” attribuée à Thérèse Bénédicte de la Croix avant sa Béatification.[18] Alors que des voix judéo-chrétiennes s’émeuvent d’une canonisation possible, c’est au cœur de la chrétienté, sur la place saint-Pierre de Rome qu’il la proclame sainte le 11 octobre 1998. Quelques mois plus tard, il la nomme co-patronne de l’Europe.
Jean-Paul II a ainsi clairement manifesté sa volonté de porter sur les autels celle dont la vie et l’œuvre ne cessent d’être pour lui un espace de méditation et de contemplation du travail silencieux de la grâce dans le cœur de l’être humain.
Le 9 avril 1988, s’adressant à l’Union des Supérieures Majeures d’Italie à Rome, il parle de la valeur de la vie consacrée et cite longuement une conférence donnée par Edith Stein à Salzburg en 1930 : « J’aimerai, à ce propos rappeler une réflexion de la bienheureuse Thérèse Bénédicte de la Croix, la carmélite martyre à Auschwitz : “Se donner à Dieu, dans le complet oubli de soi-même, ne pas tenir compte de sa propre vie pour laisser toute la place à la vie de Dieu, voilà le motif profond, le principe et le but de la vie religieuse. Plus cela se réalise parfaitement, plus abondante est la vie divine qui remplit l’âme. Mais cette vie divine est amour ; amour débordant, qui n’a pas de limites et qui se donne librement ; amour qui se penche avec miséricorde sur tous les besoins ; amour qui guérit le malade et réveille à la vie spirituelle ce qui était mort ; amour qui protège, défend, nourrit, enseigne et forme ; amour qui est affligé avec les affligés et heureux avec qui est dans la joie ; qui est disponible au service de tous pour accomplir le dessein voulu par le Père ; en un mot : l’amour du Cœur divin.” »[19]
Le 26 février 1995, au cours de l’Angélus, le Pape rappela le souvenir de « la carmélite Edith Stein ». Un texte très court mais qui lui permet de souligner trois aspects importants du message donné par la vie et l’œuvre d’Edith Stein : la sagesse de la Croix, la promotion de la femme, la pensée philosophique et théologique. « Le regard fixé sur le Rédempteur, elle apprit la sagesse de la Croix, qui la rendit capable d’une solidarité nouvelle avec les souffrances de ses frères. […] Edith Stein fut exemplaire aussi par la contribution qu’elle apporta à la promotion de la femme. […] Elle joua un rôle important se consacrant à des initiatives visant à ce que l’on reconnaisse aux femmes les droits qui sont ceux de tous être humain comme ceux qui sont spécifiques à leur féminité. […] Elle fut également appréciée comme Penseur, capable d’utiliser avec un sage discernement les apports de la philosophie contemporaine pour chercher “la pleine vérité des choses”, dans un effort continu pour conjuguer les exigences de la raison et celle de la foi. »[20]
A travers ces quelques extraits des paroles du Pape, nous percevons bien qu’Edith Stein est pour lui un modèle très actuel, parlant pour notre temps et qu’il souhaite nous faire percevoir le message évangélique et humain qui est contenu dans cette vie saisie par la Grâce. Elle fait partie à ses yeux des grands mystiques et de ces amoureux du Christ en notre temps.
Le Saint Père achevait l’homélie de la canonisation en disant : « Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix nous est présentée aujourd’hui comme le modèle duquel s’inspirer et comme la protectrice à laquelle recourir. Nous rendons grâce à Dieu pour ce don. Que la nouvelle sainte soit pour nous un exemple dans notre engagement au service de la liberté, dans notre recherche de la vérité. Que son témoignage rende plus solide le pont de la compréhension réciproque entre juifs et chrétiens. »[21]
De même, au début de son Motu proprio déclarant Edith Stein co-patronne de l’Europe, Jean-Paul II invite les chrétiens européens à « tirer un profit spirituel de la contemplation et de l’invocation de certains saints qui sont de quelques manières représentatifs de leur histoire. »[22]
Co-patronne de l’Europe…
Lorsque nous avons appris que trois femmes devenaient co-patronnes de l’Europe, nous avons dans un premier temps été surpris de voir citer ensemble Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et Thérèse Bénédicte de la Croix. Puis il nous a semblé percevoir une source steinienne dans cette triple nomination, une source qui jaillirait de la Prière de l’Eglise.
Lors du second voyage du Pape en Allemagne du 30 avril au 4 mai 1987, voyage au cours duquel il procéda à la béatification d’Edith Stein, il rencontre les évêques allemands et leur déclare : « Edith Stein est pour nous un exemple lumineux dans cette voie vers la véritable intériorisation. “Le don de soi sans limite et plein d’amour envers Dieu et le don divin offert en retour, dit-elle, l’union intégrale et durable, telle est l’élévation suprême du cœur que nous puissions atteindre, le degré suprême de la prière. Les âmes qui y sont parvenues sont véritablement le cœur de l’Eglise.” Elle-même nous en a donné un exemple vécu de la façon la plus admirable. »[23]
Jean-Paul II cite ici un extrait du très beau texte d’Edith Stein, La prière de L’Eglise.[24] Ce texte publié en 1936 cherche à montrer qu’il n’y a aucune opposition entre la prière « objective » ou communautaire et la prière « subjective » ou personnelle mais qu’elles se vivifient réciproquement. Edith Stein, dans la seconde partie de cet ouvrage, évoque l’œuvre ecclésiale accomplit par des âmes priantes, elle évoque la Vierge Marie « modèle de ces âmes qui écoutent attentives. » Et elle poursuit « Des femmes qui, à son image, se plongent, oublieuses d’elles-mêmes, dans la vie et dans les souffrances du Christ sont choisies de préférence par le Seigneur pour devenir ses instruments et accomplir de grandes œuvres dans l’Eglise : une sainte Brigitte, une sainte Catherine de Sienne. »[25]
Ce texte de La prière de l’Eglise est à notre connaissance, le seul texte qui unit les figures de Brigitte de Suède et de Catherine de Sienne. Et nous formulons donc l’hypothèse que nous trouvons ici la source de la décision pontificale de déclarer co-patronnes de l’Europe sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse Bénédicte de la Croix.
Dans l’homélie d’ouverture du synode des évêques pour l’Europe, le Saint Père avait déclaré : « Toutes les trois expriment admirablement la synthèse entre la contemplation et l’action. Leurs vies et leurs œuvres témoignent, avec une grande éloquence, de la force du Christ ressuscité, vivant dans son Eglise. »[26] Et dans le Motu Proprio qui les proclame co-patronnes de l’Europe il écrit : « Trois grandes saintes, trois femmes qui, à des époques différentes – deux au cœur du Moyen Âge et une en notre siècle – se sont signalées par l’amour actif de l’Eglise du Christ et le témoignage rendu à sa Croix. »[27]. Il poursuit à propos d’Edith Stein : « Enfin, Thérèse Bénédicte de la Croix, récemment canonisée, non seulement passa sa vie dans divers pays d’Europe, mais par toute sa vie d’intellectuelle, de mystique, de martyre, jeta comme un pont entre ses racines juives et l’adhésion au Christ, s’adonnant avec une intuition sûre au dialogue avec la pensée philosophique contemporaine et, en fin de compte, proclamant par son martyre les raisons de Dieu et de l’homme face à cette honte épouvantable qu’est la « Shoah ». Elle est devenue ainsi l’expression d’un pèlerinage humain, culturel et religieux qui incarne le cœur insondable de la tragédie et des espoirs du continent européen. »[28] Nous avons là, comme un résumé de la pensée du Pape sur Edith Stein et nous percevons bien les points de sa vie et de son œuvre qui ont un fort écho dans l’être même du Saint Père.
Deux êtres de même sentiments…
Dans son dernier ouvrage, La Science de la Croix, Edith Stein étudie et compare les écrits et la pensée de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse de Jésus. A la fin de cette étude, elle conclut en disant qu’ils sont « eines Sinnes »,[29] c’est à dire qu’ils sont en accord de pensée et de sentiments. Il nous semble que ce qu’elle écrit à propos des saints espagnols peut dans une certaine mesure qualifier le rapport entre Jean-Paul II et Edith Stein : ils sont de même sentiments, passionnés par la quête de la Vérité, d’une Vérité inséparable de l’Amour. Cet Amour étant une Personne, le Verbe Incarné, Jésus le Crucifié.
Le pape Jean-Paul II a trouvé en Edith Stein à la fois une fille d’Israël, une philosophe, une consacrée et une martyre. Il s’est mis à son écoute et a voulu la proposer comme « exemple de marche héroïque à la suite du Christ. »[30]
Peu après sa canonisation, il la déclare co-patronne de l’Europe et explique : « Déclarer aujourd’hui Edith Stein co-patronne de l’Europe signifie déployer sur l’horizon du vieux continent un étendard de respect, de tolérance, d’accueil, qui invite hommes et femmes à se comprendre et à s’accepter au-delà des diversités de race, de culture et de religion, afin de former une société vraiment fraternelle. »[31]
Un tel horizon reste exaltant. A l’écoute de Jean-paul II et d’Edith Stein aurons-nous l’audace de marcher sur ce chemin ?
P. Didier Marie GOLAY o.c.d.
Gommerville
[1] Jean-Paul II, Homélie pour la Canonisation d’Edith Stein, 11 octobre 1998, in La Documentation Catholique, (D.C.) n° 2192, 15 novembre 1998, p. 955.
[2] Jean-Paul II, Homélie pour la Canonisation d’Edith Stein, 11 octobre 1998, in D.C., n° 2192, 15 novembre 1998, p. 954.
[3] Jean-Paul II, Auschwitz-Birkenau, 7 juin 1979, in D.C, n° 1767, 1er juillet 1979, p. 632.
[4] Voir Jad Hatem, « Présence d’Edith Stein dans Fides et Ratio de Jean-Paul II » in La splendeur du Carmel, n° 15, Beyrouth, 1999, pp. 21-24.
[5] Jean-Paul II, Fides et Ratio, in D.C., n° 2191, 1er novembre 1998, p. 927.
[6] Edith Stein, Briefe an Roman Ingarden, 1917-1938, Verlag Herder, Edith Stein Werkes (ESW) XIV, 1991, 247 pages.
[7] Rocco Buttiglione, La pensée de Karol Wojtyla, Ed. Fayard Communio, 1984, p. 83.
[8] Le lecteur pourra faire son profit de l’article d’Emmanuel Lévinas, « Notes sur la pensée philosophique du Cardinal Wojtyla, in Communio, n° V, 4, juillet-août 1980, pp.87-91.
[9] Karol Wojtyla, Personne et Acte, Bayard/Le Centurion, 1983, 344 pages.
[10] Signalons ici un article fort intéressant : Georges Kalinowski, « Edith Stein et Karol Wojtyla sur la personne » in Revue Philosophique de Louvain, (82) 1984, pp.545-561.
[11] Bruno Charmet, « L’itinéraire spirituel et philosophique d’Edith Stein » in S.N.O.P., n° 681, 16 septembre 1987, p. 14.
[12] Jean-paul II, Homélie de la Béatification d’Edith Stein, 1er mai 1987, in D.C., n° 1941, 7 juin 1987, pp. 571-574.
[13] Jean-Paul II, Homélie pour la Canonisation d’Edith Stein, 11 octobre 1998, in D.C., n° 2192, 15 novembre 1998, pp. 954-956.
[14] Jean-Paul II, Discours au cardinaux et à la Curie romaine, 22 décembre 1998, in D.C., n° 2196, 17 janvier 1999, p. 54.
[15] Jean-Paul II, Homélie d’ouverture du Synode des Evêques pour l’Europe, 1er octobre 1999, in D.C., n° 2213, 7 novembre 1999, p. 933.
[16] Jean-Paul II, Lettre apostolique Spes Aedificandi, 1er octobre 1999, D.C., n° 2213, 7 novembre 1999, p. 920.
[17] Jean-Paul II, la canonisation du P. Kolbe, 10 octobre 1982, in D.C., n° 1840, 21 novembre 1982, p. 1017.
[18] Information dans Communicationes o.c.d., n° 55, vol 3/21, septembre – octobre 1994, p. 581.
[19] Jean-Paul II, aux religieuses et religieux, 1987-1988, tome V, p. 121-122. (Texte paru dans l’Ossevatore Romano en Langue Française du 19 avril 1988. Le texte complet de la conférence d’Edith Stein se trouve dans La Femme et sa destinée, Amiot-Dumont, 1956, pp. 77-100.
[20] Jean-Paul II, une femme au service de la paix, Edith Stein, in D.C., n° 2113, 2 avril 1995, p. 308.
[21] Jean-Paul II, Homélie pour la Canonisation d’Edith Stein, 11 octobre 1998, in D.C., n° 2192, 15 novembre 1998, p. 956.
[22] Jean-Paul II, Lettre apostolique Spes Aedificandi, 1er octobre 1999, D.C., n° 2213, 7 novembre 1999, p. 918.
[23] Jean-Paul II, Discours aux évêques d’Allemagne, 30 avril 1987, in D.C., n° 1941, 7 juin 1987, p. 569.
[24] Voir Edith Stein, Source Cachée, Paris, 1999, Cerf / Ad Solem, pp. 49-74.
[25] Source cachée, p. 66.
[26] Jean-Paul II, Homélie d’ouverture du Synode des Evêques pour l’Europe, 1er octobre 1999, in D.C., n° 2213, 7 novembre 1999, p. 933.
[27] Jean-Paul II, Lettre apostolique Spes Aedificandi, 1er octobre 1999, D.C., n° 2213, 7 novembre 1999, p. 918.
[28] Jean-Paul II, Lettre apostolique Spes Aedificandi, 1er octobre 1999, D.C., n° 2213, 7 novembre 1999, p. 918.
[29] Edith Stein, Kreuzeswissenschaft, ESW I, Verlag Herder, 1950, p. 156.
[30] Jean-Paul II, Homélie de la béatification d’Edith Stein, 1er mai 1987, in D.C., n° 1941, 7 juin 1987, p. 574.
[31] Jean-Paul II, Lettre apostolique Spes Aedificandi, 1er octobre 1999, D.C., n° 2213, 7 novembre 1999, p. 921.