Rosa Adelaide Stein est née le 13 décembre 1883 à Lublinitz (aujourd’hui Lubniniec) en tant que huitième des onze enfants de Siegfried et Augusta Stein, née Courant. Son deuxième prénom – Adelaide, elle tenait de sa grand-mère maternelle.
À cette époque-là, ses parents vivaient dans la maison de Joseph, appellée aussi ancien bureau de poste ou sous Matyjas rieur (Mickiewicza 9), dans le voisinage de famille allemande Lammers. Après des années on s’avérera que leur fils Hans Heinrich Lammers, né en 1879, un peu plus âgé que la petite Rosa, sera responsable de justification juridique de la solution finale de la question juiveen Allemagne nazie.
En 1890. les Stein, donc Rosa aussi, ont déménagée à Breslau (aujourd’hui Wrocław). Au début, ils ont loué un appartement au Kohlenstrasse 13 (actuellement Dubois) puis un logement plus grand au Jägrestrasse 5 (Myśliwska), après Endestrasse (Henryka Pobożnego 7), et Waterloostrasse (Roosevelta 4), et enfin, en 1910, ils ont emmenagé dans une maison achetée par Augusta Stein au Michaelstrasse 38 (Nowowiejska). En 1893, alors que Rosa n’avait que dix ans, son père, Siegfried, mourut subitement d’un accident vasculaire cérébral.
Arno, le grand frère de Rosa l’appelait Lionne en raison de sa nature explosive et aussi sa tendence à la colère. Selon le rapport d’Edith, Rosa était la plus difficile à élever parmi les enfants d’Augusta. Elle n’était pas trop douée pour étudier mais comme tous les enfants Stein, elle a obtenu une éducation convenable. C’était une fille coquette. Elle a terminé une école pour filles pour la préparer au rôle d’épouse et de mère. Néanmoins, Rosa a choisi de ne jamais se marier. Comme sa mère Augusta et sa sœur aînée Frieda, elle aimait les tenues modestes.
Quand Rosa a eu son diplôme, sa mère l’a envoyée chez ses tantes Clara et Else à Lublinitz oü elle a dû apprendre à tenir le ménage. Elle a associé son retour à Breslau non seulement avec le désir de gérer la maison familiale, mais aussi avec l‘envie d’aider les autres. Les enfants de ses frères et sœurs ont aussi été pris sous ses ailes, ainsi que les ophelins ou les gens dans le besoin qu’elle rencontrait.
Rosa a toujours tenté de venir en aide aux gens qui étaient dans le besoin. Elle donnait de la nourriture aux mendiants au lieu de l’argent (elle préparait un sandwich ou un bol de soupe) de peur qu’ils pourraient dépenser de l’argent en alcool. Elle a pris soin d’une petite fille maltraitée à domicile, qui s’est malheureusement suicidée à l’âge de huit ans. Elle a également rendu visite au prisonnier Martin Schmidt, condamné à mort pour meurtre. Elle ne voulait pas que les gens se sentent abandonnés dans les moments difficiles de leur vie. Elle s’occupait également (comme curatrice) des enfants dans leurs maisons familiales. Elle les a surveillés quand ils faisaient leurs devoirs et s’occupait des formalités officielles. Pour montrer qu’elle se souciait d’eux, elle leur a préparé des cadeaux de Noël.
Elle était une excellente cuisinière et adorait faire des gâteaux – sa spécialité était une brioche avec une garniture de crumble. Elle le faisait cuire au four chaque fois qu’un des membres de la famille célebrait un anniversaire. Cependant, à l’occasion du sabbat, elle préparait toujours du challah tressé – la cuisine de Róża était casher jusqu’à ce qu’elle se convertisse à la foi catholique.
Avec sa sœur aînée Frieda, elle dirigeait la maison familiale. Elle aimait faire le ménage et cuisiner, mais elle n’a jamais été en mesure de motiver les autres membres de la famille à travailler, préférant effectuer le travail elle-même. Elle n’aimait pas la couture et le travail sans rapport avec la cuisine. C’était une personne très attentionnée, en particulier pour sa sœur Edith, qui avait huit ans de moins. Pour cette raison, elle était la seule sœur à avoir accès à l’histoire de la famille de Stein qu’Edith rédigeait.
Rosa avait un caractère fort qui lui permettait d’exprimer fermementt et ouvertement ses opinions sur les autres membres de la famille. Toutefois, pour des raisons du développement intellectuel de ses sœurs cadettes, elle a commencée à se percevoir comme plus petite. Elle n’était pas satisfaite de cela et, par conséquent, dans le cadre de son développement personnel, elle a envisagé de prendre la profession d’infirmière. Plus tard, elle a voulu acheter une maison de vacances dans les montagnes et commencer à mener une auberge avec les chambres d’hôtes. Sa mère, Augusta s’est déclarée prête pour l’aider. Toutefois, elle est restée finalement casanière et elle a tenu la maison familiale. En même temps, elle a suivi les cours de littérature et d’histoire de l’art à l’école populaire supèrieure, ce qui dans les années 20 du XXème siècle, fait naître chez elle le processus du développement de la religiosité chrétienne.
Sous l’influence de sa sœurs Edith, Rosa a commencée à établir des contacts avec l’Église catholique. Quand Edith revenait à la maison familiale, Rosa l’a accompagnée pendant ses messes matinales dans l’Église de Saint Michel Archange. L’étape de sa conversiona au catholicisme a duré plusieurs années et pendant ce temps Rosa a été très discrète parce qu’elle n’a pas voulu angoisser sa mère. À cause de cela, elle a été baptisée après la mort d’Augusta qui avait eu lieu le 14 septembre 1936. Pendant la longue attente de cet événement, avant même la conversion officielle, elle a suivi les rituels catholiques, prié le chapelet et assisté à la messe. Pour la cérémonie de la prise de voile d’Edith, le 15 avril 1934, elle offrit à sa sœur de la soie blanche pour une robe de mariée.
Du 16 au 29 décembre 1936 Rosa était à Cologne en visite chez Edith et c’est alors qu’elle a été baptisée, le 24 décembre 1936 à 16 heures dans l’Église de Sainte-Elisabeth à l’hôpital Caritas à Cologne-Hohenlind par le prélat Johannes van Acken. Agnes et Berta Wery (apparentées à Josepha, ancienne Abbesse) ont été ses marraines. Pendant la céremonie Rosa a reçu une cape carmélite blanche et elle a pris le prénom de baptême Agnès. Pendant la messe de minuit, elle a fait sa Prèmiere Communion. Edith Stein (sœur Thérèse Bénédicte de la Croix) qui souffrait d’une jambe et d’un bras cassés, immobilisée dans un plâtre, était présente lors de ces célébrations. Elle a participée à ces événements en chaise roulante, située dans la galerie de l’église destinée aux malades. Là, elle n’a pas été vue de la nef de l’église. Le fait de voyager au-delà des murs du monastère était quelque chose de si inhabituel pour Edith qu’elle garda le silence même pour ses amis les plus proches.
Rosa a été spirituellement préparée à la conversion au catholicisme par père Zephyrin Franz, franciscain, confesseur et guide spirituel excellant qui donnait des cours de droit morale et canonique chez les Franciscains à Wrocław. Il a eu des doutes sérieux quant au report de son baptême à cause d’Augusta Stein. Cependant, Rosa l’a fait conformément à la conviction de sa sœur Edith qu’elle n’aurait pas dû rejoindre l’Église catholique avant la mort de sa mère. La grande tension a commencée à la maison à la rue Michaelstrasse quand elle a informée la plus proche famille des ses plans concernant la conversion. Au début Frieda a été particulièrement malhereuse et elle a pensée que la vie communeavant ne serait plus possible. Par la volonté de la mère elle a pris la prèmiere place à la maison et dans le dépôt de bois. Elle se sentait responsable d’observer strictement l’esprit juif. Malgré ces craintes, les deux sœurs sont parvenues à s’entendre et elles ont vécu ensemble à la maison familiale pendant les années suivantes. Malgré l’accord et la possibilité de vivre paisiblement avec sa famille, Rosa se sentait seule. Chaque matin à 5 heures elle allait à la cathédrale pour la prèmiere messe, ce qui lui a donné une force spirituelle. De temps en temps elle se rendait aussi au monastère des Carmes dans le quartier de Pawłowice. Rosa a reçu le sacrement de confirmation le 17 mai 1937 dans la chapelle de l’ Église Saint Croix à Wrocław.
En 1939, à la suite de la politique antisémite des nazis allemands, malgré sa conversion au catholicisme, Rosa, en tant que juive, fut privée de la possibilité de s’occuper des orphelins et des pauvres.. Pour cette raison. après la vente de la maison familiale au Michaelstrasse 38 et l’émigration de certains frères et sœurs, elle cherchait une place sûre pour elle-même. Edith l’a aidée dans ces dérmarches avec les carmélites de Cologne et Raphaelverein (Association Saint-Raphaël).
Elle est partie en Belgique en mai ou juin 1939. où une femme a planifiée de fonder un couvent pour les carmélites du Tiers-Ordre, (quelque part entre Maastricht et Liège). Elle était censée y travailler en tant que femme de ménage elle a donc pris tout son linge personnel, de table et de lit, de la porcelaine chinoise et une grande partie des meubles de la maison familiale, afin d’aider à meubler le nouveau lieu. Malheureusement depuis le début de son séjour elle a été utilisée pour les tâches les plus dures, et travaillait presque comme une esclave. Face à une telle tournure dramatique des événements, elle a pris contact avec Edith – sœur Thérèse Bénédicte de la Croix, en demandant de la sauver.
Rosa a quittée la Belgique grâce à l’aide d’un émissaire d’Echt. Toutefois on ne l’a pas autorisée à emporter avec elle les choses qu’elle avait importée en Belgique depuis sa maison familiale. Le 1 juillet 1939 elle est arrivée au couvent des carmelites à Echt aux Pays-Bas où Edith a déjà été transférée. Initialement on a planifié pour elle la fonction de consierge au Carmel néerlandais de Roermond, mais elle s’est finalement installée à Echt, où elle a travaillé comme portière. Elle annoncait les visiteurs à l’abbesse en les appelant par un signal de sonnerie. Elle a également exercée la fontion de sacristaine.
Malgré son désir d’entrer dans l’Ordre des Carmélites Déchaussées et vivre dans le couvent, la Mère Supérieure et le Père Provincial n’ont pas donné leur accord. Ils lui ont alors conseillé d’emprunter la voie d’une tertiaire. Suite à cette suggestion, le 25 juin 1941, Rosa entra dans le Troisième Ordre des Carmélites et a pris le nom de Rose Marie de Jésus.
À cause de leur origine juive, Edith et Rosa ont été arrêtées le 2 août à Echt par Gestapo. Elles ont été transportées de cette ville aux camps transitoires à Amersfoort et ensuite à Westerbork. Là, le 4 août Rosa a écrit sa dernière lettre.
Le 7 août les sœurs ont été déportées au camp nazi d’extermination nazi allemand Auschwitz Birkenau où elles ont été tuées le 9 août 1942 dans la chambre à gaz. Rosa Stein a perdu la vie à l’âge de 59 ans.
Un pierre commémorative (allemand stolperstein) dédié à Rosa et Edith Stein se trouve à la Werthmannstrasse à Cologne à côté de l’hôpital Sainte Élisabeth dans laquelle Rosa a été baptisée en 1936.
Traduit du polonais par Julia Paduch, stagiaire à la Maison Edith Stein en janvier 2021.